Calamiti-Lily

Défouloir

Mardi 12 janvier 2010 à 12:08

La fumée ça pique les yeux, chapitre 15

L' infirmière du matin vient m' apporter le petit déjeuner. Elle pose devant moi un plateau dont l' odeur de chocolat chaud me donne envie de vomir.

_ »Goûte s'y, au moins, fais un effort...» Elle supplie. Elle me paraît particulièrement laide. Elle m' explique qu'elle est mal réveillée.

Ma maman, c'est quand elle est mal réveillée qu'elle est la plus belle. Elle a ses cheveux encore tout emmêlés de sommeil qui tombent en cascades sur les épaules et des restes de maquillage font des ombres obscures autour de yeux et qui accentuent encore un peu plus le contraste avec sa peau tellement blanche. Elle a les paupières à peine entrouvertes pour filtrer la lumière et ça lui fait un regard fendu comme celui d'un chat.

_ »Tant que tu refuseras de manger, on sera obligé de te garder sous perfusions. » me dit l'infirmière.

Elle est moche, et je m'en fout de ses Putains de perfus. Tout m'est égal. Je ne veux rien, juste qu'on me foute la paix, qu'on me laisse avec ma maman.
Parce que ma maman, même quand elle est mal réveillée, elle est jolie à en crever.

 

A SUIVRE ...

Dimanche 10 janvier 2010 à 23:02

La fumée ça pique les yeux, chapitre 14

Je fais semblant de dormir pour qu'elle me porte dans son lit. Elle m'embrasse dans la nuque et s'éloigne. Je la retiens «  Raconte moi une histoire... » je lui demande.

Elle s'assoit en tailleur sur la moquette et elle se met à raconter, d'une voix toute douce et toute calme.

_ »Il était une fois une petite grenouille qui s'ennuyait ferme sur son nénuphar. Elle mangeait des herbes magiques pour devenir plus grosse que le boeuf. »

_ »Mais maman, les grenouilles ça bouffe des moustiques, pas de l'herbe... » je lui fais remarquer;

_ »Chut... » elle me fait »laisse moi finir. Un jour, à force de manger trop d'herbes, elle a faillit éclater. Heureusement, il y avait une fée qui passait par là. La fée, ça lui a fait de la peine de voir cette petite grenouille toute enflée, alors elle s'est posée doucement sur le rebord du nénuphar. »Qu'est-ce qui t'arrive, petite grenouille, pour que tu te mettes dans des états pareils? » lui demanda la fée. Alors la genouille lui explqua l''ennui de sa vie de grenouille, la stupidité des nénuphars, et puis les moustiques qu'elle n'arriverait jamais à attraper. « Pourquoi suis-je née grenouille et non libre comme un oiseau? » se lamenta-t-elle. La fée sourit et d'un coup de baguette magique, abracadabra, elle dépose deux jolies ailes sur le dos de la petite grenouille. on raconte qu'elle s'est envolée très haut et que personne ne l'a jamais revue. »

_ »Elle est idiote, ton histoire. » je lui dis. Et on éclate tous les deux de rire.

Elle me couvre encore de baisers pis elle me dit « Aller, maintenant c'est l'heure de dormir mon p'tit bonhomme. », et pis elle sort de la pièce. avant de refermer la porte, elle m'envoie encore un bisou en soufflant sur sa main. Je l'attrape au vol et je l'emmène à mon coeur. Ensuite, je me retourne vers le mur et je m'endors.

Je l'entend rentrer tard dans la nuit. je ramasse mon porcinet en peluche qui est encore tombé de mon lit durant mon sommeil et je me rendors en suçant mon pouce.

Quand je me lève, je vois qu'elle est roulée en boule dans un coin du divan. Je la réveille doucement. Elle a un gros hématome sur le visage et pis du sang sur les mains et les fringues, mais elle me dit que c'est pas le sien. Elle se lave, se change, et on dirait que chacun de ses gestes lui demande un effort énorme. Et pis il reste toujours ce bleu sur sa paumette gauche.

Elle me dis: »C'est rien, bébé, juste des connards. »

Son visage est sans expression, et ya ses pupilles qui lui mangent les iris. il est tout noir, le regard de ma maman. pourtant elle a les yeux tellement bleus...

Voilà qu'elle grelotte. Ses cheveux sont collés à ses tempes par une sueur glacée.

Elle avale quelques cachets avec un wisky-coca. Ensuite, elle s'allonge sur le canapé et elle reste là, à regarder le plafond. Sa respiration devient toute calme et on voit bien qu'elle est encore plus loin que l'horizon.

J'avale un bol de miel pop's et je vais m'habiller. Quand je retourne au salon, elle n'a toujours pas bougé. Je vais l'embrasser sur le front, je lui met une couverture parce que je vois qu'elle a la chair de poule et pis je monte chez Natacha pour lui demander de m'emmener à l'école.

Si j'avais un papa, il pourrait m'emmener à l'école quand maman est malade. Heureusement j'ai Natacha et jai drôlement de la chance parce que c'est ma marraine de coeur et qu'elle se fout du bon dieu.

Elles viennent me chercher toutes les deux à 4 heure . Tout est drôlement gai. On va chez Tonio. Il ouvre et on rentre dans le brouillard.
Il me file un beignet et fait du café pour lui et ma maman, pis du thé au caramel pour Natacha. Il est très gentil, Tonio. Chez lui ya toujours de la musique espagnole et des beignets au chocolat. J'aurais bien aimé qu'il devienne mon papa. Un jour, je lui ai dit. Il a rit en montrant ses dents blanches et pis il m'a expliqué en ébouriffant mes cheveux que ça aurait été avec plaisir, mais qu'il était attiré par les hommes.

J'ai froncé les sourcils et je lui ai demandé  si ça voulait dire qu'il était pédé. Il a sourit sans les dents. Un sourire tout assombri par son teint mat.

_ »Oui,c'est ça » il m'a dit « mais si tu veux on pourrait faire semblant que je suis ton papa. Ton papa de coeur. »

Moi ça m'a plutôt plut cette histoire de papa de coeur, comme Natacha qu'est ma marraine de coeur. Je me suis dis Tonio aussi il s'en fout du bon dieu.

_ »OK » je lui ai dis « Mais ce sera un secret. »

On s'est tapé dans la main pour signer notre accord. Depuis je l'appelle papa dans l'oreille et c'est drôlement doux dans la bouche. Je mange mon beignet dans la cuisine et pis je joue au toréador avec un chiffon à carreaux rouges. Le taureau c'est la chaise marron mais je le tue pas à la fin parce que je suis un gentil toréador. Quand je l 'ai bien dompté, je le fais se baisser pour lui montrer que c'est moi qui commande et puis je lui caresse doucement le haut du crâne. la foule applaudit et je le laisse partir. Olé!

Dans le salon, ils sirotent thé et cafés, perdus dans une épaisse fumée bleue. Ils partage leur mégot en parlant très calmement et ils ont tous sur le visage un sourire qui semble venir de très loin.

Ensuite, on allume la Nintendo. Un jeux de voiture terrible. Je les bats tous à plate couture sauf Tonio, mais lui il a la console chez lui alors forcément... Maman et Natacha font rien que perdent, mais elles s'en foutent, ça les fait marrer. Des fois elle se plantent et elles prennent le circuit en sens inverse. Moi je leurs rentre dedans exprès et ça les fait rigoler encore plus fort.

Comme il s'est mis à pleuvoir on reste manger chez Tonio. Il nous prépare une grosse omelette aux pommes de terre, une tortilla il appelle ça. Il fait drôlement bien la cuisine, Tonio.

Après le repas, il pleut toujours autant mais on en a plus rien à foutre. On courre sous la pluie et on saute dans les flaques. Ma maman elle a les cheveux et sa robe verte qui sont tout mouillés mais je vois bien qu'elle s'en bat les couilles. Elle incline sa tête vers le ciel pour tremper son visage d'eau de pluie.

Arrivés à la maison, on est tous trempés mais tellement, tellement heureux.

Moi je m'en fout que Tonio il soit pédé. C'est mon papa de coeur. Et pis je suis sur que s'il aimait les femmes il serait tombé amoureux de ma maman parcequ'elle est si jolie...

Et ça aurait été mon papa pour de vrai et il nous aurait emmenés sur son bateau blanc.

On aurait embarqué Natacha avec nous pour qu'elle se trouve des amoureux dans chaque port.

Peut être même que j'aurais eu une petite soeur et je la défendrais contre les grands dans la cour de récré.

 

 

A SUIVRE...

Dimanche 10 janvier 2010 à 17:56

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Dimanche 10 janvier 2010 à 14:37

La fumée ça pique les yeux, chapitre 13

Le docteur m'a regardé, avec de gros yeux « Si tu continues, tu vas mourir. Tu le sais, ça? » Ses sourcils se tortillent dans tous les sens, comme deux chenilles toutes poilues sur son front. Je fais semblant de pas l'entendre, et je me dis que quand je serais mort, je voudrais être marin. Ou alors pompier ou aviateur. Et pis j'épouserais ma maman et ne la laisserais plus rien la faire pleurer. Elle jettera ses médicaments et elle sera plus jamais malade.

Il a prit mon visages dans sa mains et l'a tourné violemment tourné vers lui.

_ » Tu m'écoutes? » il me demande, ce connard de docteur.

Mon regard le regarde sans le voir. Il peut gueuler, je m'en fout ,moi, de ce putain de docteur, et je m'en fout que je le désespère. Moi je m'en fout de tout, sauf de ma maman.

Et pis je déteste les docteurs. Parce qu'ils ont filé à maman ces saloperies de pilules qui rendent heureux pour de faux.

Un jour, ma maman, elle se remet à pleurer

Les médicaments ça suffit plus du tout pour la rendre heureuse, même pour de faux

Elle pleure, elle pleure, elle me dit qu'elle a mal, qu'elle saigne du nez et des oreilles. J'ai beau lui jurer que non, elle continue à pleurer en se tordant de douleur.

Le docteur me laisse enfin.
Il claque la porte, mécontent.

Les docteurs, ils ont réussi à faire du mal à ma maman, mais moi, ils m'auront pas parce que moi, je suis un p'tit dur. C'est ma maman qui l'a dit.

 

 

A SUIVRE ...

Samedi 9 janvier 2010 à 12:28

La fumée ça pique les yeux, chapitre 11

Je vois bien que ma maman elle deviens de plus en plus blanche. Elle a son paquet de blondes sur la table mais elle n'y a pas touché depuis un bon moment.

Elle s'est allongée sur le divan.

Je vais chercher un yaourt dans le frigo et je lui demande si elle en veut un. Elle secoue la tête et j'ai l'impression que ses yeux ils vont tomber par terre tellement ils lui sortent du visage.

Elle se lève, et ses pas semblent hésiter milles fois avant de se poser. Elle se traîne, toute tremblante, vers la salle de bain. Je l' entend qui se cogne à tous les meubles, et pis un grand bruit, et pis plus rien.

Je vais voir et elle est par terre. Elle bouge plus et elle est pâle à flipper. Emberlificotée dans son grand chandail noir, on dirait vraiment un cadavre, ma maman. Je cours à l'appartement de Natacha.

_ »Maman elle va pas trop bien. » je lui explique.

Elle me suis et on court voir maman.

Natacha la secoue dans tous les sens, jusqu'à se qu'elle reprenne connaissance. Maman se tourne sur le côté et vomit un peu. Ensuite elle se lève et se passe de l'eau sur le visage.

Natacha elle lui hurle dessus mais ma maman elle a pas l'air de l'entendre. Elle s'allonge dans son lit et elle s'endort.

Alors Natacha nettoie le vomit avec de l'eau de javel pis elle vient me voir Elle me dit que c'est rien de grave, que c'est juste ma maman qui sait rien faire que des conneries. Ensuite elle me demande: »T'as mangé? ». Moi je lui dit que non alors on met une pizza surgelée au four. Ya un match de foot à la télé « on va se faire une soirée entre mecs » elle me dit, Natacha. Elle ouvre une bouteille de bière avec son briquet, et ça, c'est drôlement difficile, elle a déjà essayé de m'apprendre mais j'y suis jamais arrivé. elle me laisse téter un peu le goulot en verre. Ca me fait faire des grimaces tellement ça me laisse un drôle de goût dans la bouche. Moi je préfère la pizza.

Quand le match se termine, on sait plus trop pour quelle équipe on était au début alors on finit, après un laborieux débat et pas mal de fous rires, par décider qu'en définitive, on devait très certainement être pour les vainqueurs.
On chante « On a gagnés! » mais la voisine du dessus tape avec son balais pour nous dire vos gueules alors on se dit qu'aller se coucher serait plus prudent pour nos postérieurs respectifs.

C'est pas une marrante, la voisine du dessus.

 

A SUIVRE ...

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