La fumée ça pique les yeux, chapitre 17
La voisine du dessus elle est méchante.
Un jour elle me trouve devant la porte, en train d'attendre maman qu'est en retard. Elle me force à rentrer chez elle, et moi je la suis même si elle ressemble à une sorcière, parce que moi j'ai peur de rien, et sûrement pas d'une vieille sorcière de merde.
Elle me file une tartine de beurre dégueulasse. Je fais semblant de la manger mais en vrai je la file par petits bouts à son sale clébart. Elle n'y voit rien, cette vielle taupe. J'en profite pour filer quelques coups de pompes au chien sous la table parce qu'il m 'aboie toujours dessus quand je le croise dans la citée. Mais là, mémé est présente, alors il n' ose pas protester et encaisse mes coups de lattes sans broncher, ce dégénéré de cleb's. Elle me parle de son mari qu'est mort à la guerre et de ces graines de voyous qui traînent en bas de l'immeuble.
Je lui dis que je les connais et qu'ils sont très sympas. Ils me filent tout l'temps des tas de trucs parce que je les fait marrer et que maman elle leur dit jamais de dégager quand ils squattent notre cage d'escalier. S'ils ne sont pas trop nombreux et qu'elle a le temps, elle les fait même rentrer dans l'appart'. Elle leurs fait du thé et ils discutent de la vie qu'est moche mais qu'est belle en fumant des cigarettes qui font rire et aussi pleurer des fois.
La voisine du dessus, elle me dit que j'devrais pas traîner avec cette racaille, qu'ils ne sont pas fréquentables.
_ »Ho, moi j'traîne avec personne. » je lui dis « Moi j'suis juste avec ma maman. »
Elle me regarde avec un air tendre qui me retourne l' estomac encore plus que sa sale tartine.
_ »Je sais que c'est pas ta faute, mon petit, ta pauvre mère....Elle est complètement cinglée. »
Elle a dit ça, avec sa petite voix gluante comme un pot de miel.
J' explose: »TA GUEULE! ESPECE DE SALOPE DE SORCIERE!!!... »
Elle ne dis plus rien du tout. Elle me regarde bêtement avec ses yeux qui lui sortent des orbites. Aux commissures des lèvres, ses rides ondulent comme des vagues, et je vois bien que c'est la tempête. On dirait qu'elle veut dire quelque chose mais ça ne sort pas.
Deux petits coups de sonnette retentissent.
_ »Ca doit être ma maman. » je dis. Et je courre ouvrir.
C'est maman. Je me jette dans ses bras et j' enfouis mon nez dans un coin de son cou perdu sous ses foulards.
Pendant ce temps, la voisine du dessus elle a retrouvé ses esprits. Elle arrive en vociférant. Elle hurle sur maman, elle lui dit que c'est une mauvaise mère, incapable d' élever un enfant, qu'on devrait appeler les services sociaux, et que c'est une honte de se mettre dans des état pareil quand on a un gosse.
Maman elle regarde la voisine bien au fond des yeux. On dirait qu'elle n'a plus du tout de pupilles, ma maman. Elle lui dit d'une voix calme et froide: »Merci d'avoir accueillit Hugo, mais je crois que la prochaine fois nous nous passeront de vos services ». Sa voix est toute blanche, elle me tend la main et me fait un petit signe de la tête.
_ »Viens bébé, on se tire. » elle me dis.
On entends encore les grommellements de la voisine du dessus derrière nous dans la cage d'escalier.
_ »VA TE FAIRE FOUTRE!!! » elle lui hurle, ma maman.
Ca résonne dans tout l'immeuble.
Moi j'ai envie de rire mais je vois que ma maman elle a déjà plein de larmes sur le visage et qu'elle tremble de la tête aux pieds.
Elle est méchante, la voisine du dessus, elle a fait pleurer ma maman.
Maintenant, quand je vais voir mon pote Karim qu' habite juste en face de chez elle, on crache sur sa porte. Dès fois elle sort, énorme dans sa robe de chambre fuchsia et elle nous hurle dessus.
Nous, on s'en fout. On lui fait des doigts d' honneurs et on s'en va en courant. Elle est bien trop grosse pour nous rattraper, cette sale vieille ébouriffée.
A SUIVRE ...