Calamiti-Lily
Défouloir
Vendredi 15 janvier 2010 à 10:13
J'aimerais tellement ce soir
échapper à la haine
Ne pas pleurer seule dans le noir
ne pas m'ouvrir les veines
C'est beaucoup demander
pour un seul misérable soir
Petite fille trop gatée
par tellement de cauchemars
Je suis si fatiguée
mais j'ai trop pas sommeil
et demain je serais encore levée
avant l'autre pédé de soleil
Mais j'ai toujours l'espoir
de ne jamais me reveiller
Et Pourquoi pas ce soir
avant que la haine m'ai toute entière possédée
J'ai si peur
Et personne, personne pour me protéger
si seule ans ma torpeur
je flippe comme une tarée
Non, j'veux pas chialer ce soir
crever à la rigueur
mais pas avoir peur du noir
et surtout, pas de haine en mon coeur.
Jeudi 14 janvier 2010 à 20:19
Jeudi 14 janvier 2010 à 13:48
La fumée ça pique les yeux, chapitre 22
Un jour, pourtant, il faut bien repartir.
On regarde une dernière fois la mer, très longtemps, pieds nus dans le sable. Le soleil se couche lentement dans l'eau et Kenny m'offre son collier, celui avec la dent de requin.
Je la met autour de mon cou et ça me console un peu. Ma maman elle m'enlace doucement et elle me promet que quand on sera riches, on s'achétera une grande maison sur les falaises et qu'on habitera ici toute la vie.
Ce sera drôlement chouette.
Sur le chemin du retour, personne ne chante dans le camion de Tonio. Ils ont mis de la musique toute triste et ma maman, elle a beau dire que c'est juste le courant d'air des vitres qui lui nique les yeux, je vois bien qu'elle s'est remise à pleurer.
Tout est drôlement moche. Je dors presque tout le trajet.
On arrive à la maison le lendemain soir. On défait nos valises et moi je prépare mon cartable pour l'école, demain.
Une foi en pyjamas on se rend compte qu'on a oublié de manger. J'ai un peu faim alors ma maman elle m'ouvre une boite de raviolis. Je mange et elle, elle fume une cigarette. Je la vois qui cherche ses médicaments. Elle prend juste un cachet avec un verre de rhum.
Après on s'affale sur le canapé, devant la télé, complétement épuisés. Ma maman elle regarde stoïquement un film américain à la con, mais moi je sais bien que pour elle, la vie de merde recommence.
A SUIVRE ...
Jeudi 14 janvier 2010 à 12:05
La fumée ça pique les yeux, chapitre 21
Le jour se lève doucement sur nos vacances. Je marche en tenant la main de Natacha et on parle de la lune et du soleil qui se croisent chaque jour sans se voir.
Devant il y a maman, soutenue par Tonio et Kenny, un de chaque côté. Elle s 'appuie sur leurs épaules et elle replie les jambes pour faire des bons de géant. Ils avancent laborieusement en suivant une trajectoire un peu vacillante. C'est sur, ils sont tout le temps pliés en deux de rire.
Tout en marchant, maman dégeule des filets de mister freeze multicolores. Tout le monde s'en fout, à commencer par elle. Elle crache sur le sol des gerbes d'arc-en-ciel et pis elle se laisse porter par Tonio et Kenny pour avoir l'impression de voler encore plus haut que les mouettes dont les cris déchirent notre sommeil au petit matin.
Jeudi 14 janvier 2010 à 10:29
la fumée ça pique les yeux, chapitre 20
La mer, c'est magique. Ma maman elle a oublié ses médicaments à la maison et pourtant elle rit toute la journée.
Avec Tonio, on est drôlement bronzés, mais ma maman et Natacha elle font rien que choper des coups de soleil. On s'en fout, on bouffe des mister freezze toute la journée parce qu'on a symmpathisés avec le gars du camion à glace, et le soir on va dans des cafés drôlement gais où tout le monde danse. Ils boivent de la bière et moi j'ai le droit de commander du coca parce que c'est pas grave si j'arrive pas à dormir, vu que j'ai jamais école le lendemain, et qu'il n'y a même pas la voisine du dessus pour nous rendre dingues avec son aspirateur à sept heure du matin.
Une seule fois ma maman elle se remet à pleurer. Mais c'est en regardant la lune, assise sur la plage, parce que c'est tellement beau...
Moi, j'ai même pas peur de l'eau. Je m'en fiche, de leurs stupides bouées, je courre dans les vagues avec Natacha et je l 'éclabousse. Elle me tire une langue toute rose de son mister freeze à la cerise et elle disparaît sous l'écume en se bouchant le nez.
Moi aussi je met la tête sous l'eau et je garde les yeux ouverts pour chercher des trésors. Après, mes yeux ils sont tout rouges et pis ils piquent un peu mais moi je m'en fout, j'ai même pas mal. Je trouve plein de coquillages merveilleux, une pierre bizarre, un sac en plastique que je croyais que c' était une méduse et que je m'suis battu avec pour la tuer avant de l' attraper, et même une poulie toute rouillée que maman elle me jure qu'elle doit s'être détachée du navire de Willy-le-borgne, et que sans doute le reste de l'épave doit pas être loin. Il lui semble bien qu'il pourrait avoir fait naufrage pas loin...
_ »Et le trésor, tu crois qu'il a coulé avec le bateau? » je lui demande.
Je vois ses yeux qui brillent
_ »Ca, personne ne le sait... » elle me répond. « Mais si ce vieux Willy a coulé, il aura pas voulut se séparer de son butin. Sur qu'il a voulut crever riche. »
Alors moi je cherche encore plus mais je ne trouve rien. Sacré Willy-le-borgne. Je suis persuadé qu'il est parvenu à être le seul rescapé du naufrage. Le seul avec son trésor, évidemment.
Au fond ça m'est égal. Moi j'ai la poulie de son voilier, celle qui servait à hisser haut leur drapeau à tête de mort pour qu'il claque dans le vent.
Le marchand de glace il m'appelle « pirate ».
Son nom à lui, c'est Kenny. Il a de grosses locks sur la tête.
Moi, j'adore les rastas. Ils sont gentils et ils voient pas le monde avec les mêmes yeux que les autres gens.
Et pis Kenny il me file toujours des mister freeze à l'oeil, et avec lui, on fait des feux de camps le soir sur la plage. IL joue du djumbé et on danse jusqu'à l'aube.
On voit qu'il vit dans un autre monde, un monde qu'a l'air tellement beau que t'es obligé de l'y suivre.
Il est tout le temps calme, il a toujours le temps. Il nous apprens à ecouter la mer et à vivre sans se presser.
C'est un sage, Kenny. Sur qu'il vivra jusqu'à deux milles ans en se foutant de tout. Et quand il soufflera ses deux milles bougies, il n'aura plus de dents du tout mais il jouera toujours du djumbé des nuits entières au coin d'un feu. Et son regard sera toujours autant noyé dans la brume.
Nous, on sait bien que c'est lui qu'a raison.
A SUIVRE ...