La fumée ça pique les yeux, chapitre 31
L’hiver, c’est toujours plus dur.
Ma maman elle se perd dans ses foulards, ses pulls et ses vestes pour se protéger du froid mais les microbes ils rentrent quand même, quelque part. Ses lèvres et ses ongles deviennent tout bleus, et pis elle grelotte sans arrêt.
A la maison, le chauffage est toujours à fond. Elle se ballade avec sa nuisette rose er juste son foulard enroulé autour de son cou. Je vois que la peau derrière ses genoux elle est aussi dure que celle de l’intérieur de ses bras. On dirait du carton.
Elle s’en fout de tout ça, ma maman.
Natacha lui fait boire toute la journée du jus de citron avec de l’eau bouillante et du miel, parce que sa grand-mère lui filait toujours ça quand elle chopait froid et qu’en tous cas elle n’en est pas morte.
Dehors, il fait tellement froid que quand je parle, je crache de la fumée toute blanche autour de moi, presque comme ma maman.
Le bout de son nez il devient tout rouge, à ma maman, quand elle reste dehors trop longtemps. Elle me jure qu’un jour il va tomber par terre tellement il est gelé, le pauvre. Ce serai dommage parce qu’il est drôlement joli, le nez de ma maman. Tout petit et un peu retroussé, comme s’il te tirait la langue, juste au milieu de son visage.
Elle tousse vachement, ma maman. Une toux toute desséchée et grasse en même temps, qui semble provenir directement de ses poumons.
Elle tousse en marchant dans la rue et les gens ils la regardent parce que ça la plie en deux, et que même des fois ça la fait vomir. Ma maman elle s’en fout, des gens. Il n’y a que moi.
Et moi je m’dit que c’est pas grave si elle tousse, ma maman, parce qu’elle a le plus joli nez du monde.
Et moi je m’dit que c’est pas grave si elle tousse, ma maman, parce qu’elle a le plus joli nez du monde.
A SUIVRE …