FEU DE CAMP
Le feu agonise lentement
au milieu des sanglots des jumbés
On est tous là et pourtant
on est tous un peu paumés.
On ne dit plus un mot
et les percus se meurent
mais tout paraît si beau
qu'ça doit être le bonheur.
Quelques uns se sont allongés
et dorment comme des enfants
Ils nous ont abandonnés
pour des rêves souriants.
Étendus par terre,
ils sont trop loin de nous
Si loin de notre misère
que l'on en est jaloux.
Alors on se dépêche
de rouler un bedo
et on boit du vin de pêches
et tout redeviens beau.
Le feu crache parfois
des milliards d'étincelles
et chacune crèvera
seule dans son coin de ciel.
ça n'a pas d'importance,
on regarde brûler nos rêves
et pis notre innocence
qui gémit et qui crève.
On est tous tellement Noirs
On est tous tellement purs
à chacun son histoire
à chacun sa blessure
Mais on est tellement beaux
à la lueur du feu
Les jumbés en échos
échangent leurs aveux.
Enfiévrer de cauchemars
que le feu purifie
on fait semblant d'y croire
juste le temps d'une Nuit.
Juste le temps
de regarder le feu mourir
Oublier un court instant
qu'on vit et qu'on respire.